Les coliques du nourrisson sont un problème fréquent. Elles peuvent apparaître dès la première semaine de vie et persister jusqu’à 3 à 4 mois. Il s’agit de périodes de pleurs prolongées (« pleurs excessifs »), apparaissant souvent en fin de journée et évoquant un inconfort abdominal.
Le Groupe Francophone d’Hépatologie-Gastroentérologie et Nutrition Pédiatriques (GFHGNP) a estimé que les critères de ROME IV pour la définition de la colique du nourrisson étaient désormais caducs. Ils stipulaient que « les pleurs liés aux coliques devaient se produire sur une période de 3 heures ou plus par jour pendant au moins 3 jours par semaine ». Le GFHGNP préconise désormais d’autres critères de diagnostic et estime que l’on peut parler de coliques du nourrisson quand les pleurs :
- surviennent chez un nourrisson de moins de 3 mois,
- se manifestent lors de périodes récurrentes et prolongées avec agitation ou irritabilité du nourrisson,
- se manifestent sans cause évidente,
- ne peuvent être évités ou résolus par les parents,
- et qu’il n’existe pas de retard psychomoteur ni de maladie identifiée chez ce nourrisson.
La physiopathologie des coliques du nourrisson est complexe et probablement multifactorielle. Peu de travaux ont exploré le lien entre les coliques et les autres douleurs ou inconforts du nourrisson et une augmentation du risque de multimorbidités (infections courantes, eczéma, sensibilisation alimentaire). Les résultats d’une récente étude transversale, enrôlant plus de 1850 nourrissons en Suède et en Norvège, viennent d’être publiés. Son objectif est d’évaluer les morbidités chez des enfants présentant des signes de coliques, et les comparer avec des enfants ne présentant pas de coliques. Les auteurs ont aussi cherché à déterminer si les symptômes étaient associés à un stress perçu par les mères pendant la grossesse et au 3ème mois du post-partum. Force est de constater que les multimorbidités, ainsi que le stress maternel, sont significativement associés aux douleurs du nourrisson à 3 mois.
En ce qui concerne les morbidités, il s’agit plus spécifiquement des infections : gastro-entérites (9 % vs 2 %), conjonctivites (19 % vs 4 %), otite (2 % vs 0 %), infections respiratoires hautes (70 % vs 19 %) et infections respiratoires basses (10 % vs 2 %). Il en va de même pour l’eczéma (14 % vs 10 %). De plus, Il est apparu aussi que les mères s’estimant fortement stressées à 3 mois après l’accouchement sont plus susceptibles de rapporter des coliques chez leur nourrisson (Odds ratio ou OR = 2,5 ; IC 95 % 1,2 à 5,0), ou de consulter pour leur enfant pour des douleurs ou autre inconfort (OR = 2,8 ; 1,7 à 4,6), en comparaison aux mères relatant moins de stress.
Pour conclure, la présente étude rapporte une association entre les coliques du nourrisson, la multimorbidité du nourrisson et le stress perçu par la mère. Cette information peut s’avérer utile pour orienter le diagnostic, le traitement et les stratégies d’adaptation dans les soins. Dans ce contexte, il est important de rassurer les parents en soulignant le caractère bénin des coliques et leur tendance à se résoudre spontanément avec le temps.
Dr Roseline Péluchon
Despriee ÅW, Småstuen MC, Glavin K, et al. Infant colic and abdominal pain; associations with infant multimorbidity and maternal perceived stress up to 3 months postpartum-A cross-sectional/cohort study in the PreventADALL study. J Clin Nurs. 2023;32(19-20):7605-7617. doi:10.1111/jocn.16825